Je n'ai pas toujours vécu sur cette île, dans cette ville. J'avais une merveilleuse vie à San Diego sur le continent mais un accident de voiture m'a fait perdre d'un seul coup mes deux parents. Les deux êtres qui me tenait le plus à coeur. Tout ça parce qu'ils se sont disputés dans la voiture et que mon père a vu trop tard le camion foncé vers eux. Le chauffeur avait eu une crise cardiaque et a tué mes parents sans le vouloir. J'avais douze ans. Je n'étais qu'une enfant, une enfant désespérée par la mort de ses parents. Bizarrement, je n'ai versé aucune larme, préférant tout intériorisé comme j'avais l'habitude de le faire. Ma marraine, qui était aussi la soeur de ma mère, Malana Naukana, est venue à l'enterrement puis elle m'a emmené avec elle sur son île. Là-bas, j'ai revu ma cousine Amapeli de 4 ans ma cadette. J'allais devenir sa soeur, une partie intégrante de sa famille et je ne le voulais pas. Je voulais retourner dans ma vraie famille, celle qui était morte. Avant de connaître Kale, j'avais toujours voulu retourner sur le continent pour retrouver mes amies. Je ne voulais pas rester ici, sur cette île où je ne connaissais personne et où je devais me refaire des amis... C'était trop dur pour moi. Jusqu'au jour où j'ai rencontré Kale... Ma vie s'est illuminé, j'avais enfin ma raison de rester ici.

Je venais une fois de plus de sortir en douce de chez les Naukana et je me promenais chaussures à la main sur le sable chaud de la plage quand j'ai entendu quelqu'un m’apostropher, de manière fort désagréable. J'avais déjà un fort caractère à 12 ans et Kale allait l'apprendre à ses dépends.

" Tu fais assez tache dans le paysage. "

Ce fut les premiers mots qu'il prononça à mon encontre. Je me retournais alors, mes chaussures dans la main droite et ma main gauche prête à frapper. Cependant au lieu de ça, je lui répondit assez méchamment. Enfin méchamment pour une fille de douze ans.

" Ben la tâche elle va rester, alors faudra t’y faire pauvre macaque ! "
" Wow, calme-toi… c’était… pour parler. Tu m’as tapé dans l’œil en fait. "

Alors là, je dois dire que j'ai été soufflée. Je lui avais tapé dans l'oeil. Il était le premier garçon à me le dire et franchement, j'étais flattée, seulement, je ne devais pas le laisser "gagner". Il m'avait traité de tâche et ça, ça ne passerait pas. Mais j'étais tellement abasourdi, que je n'ai pu que répliquer qu'un misérable "Quoi ?". Bah quoi, c'est une des première fois qu'on me disait que j'avais tapé dans l'oeil d'un type ...