Une touche de mascara, un peu d'anticerne, et une double couche de baume à lèvres. Ce n'était pas le Prince Harry que je recevais pour le goûter, juste Wayne, l'un de mes plus proches amis sur cette île, mais le connaissant, j'allais surement avoir droit à une réflexion en cas de faute de goût ou de cerne un peu trop voyant. Mon ami étant comme moi, un passionné de mode, il remarquait au premier coup d'oeil une couleur discordante ou une robe mal coupée. Je ne pouvais le lui reprocher, j'étais exactement pareille que lui. Et puis de toute façon, c'était plus un plaisir qu'une corvée de me faire belle. Depuis toute petite on m'avait expliqué que la beauté, c’était la somme de tous les éléments s’harmonisant de telle sorte que rien ne devait être ajouté, enlevé, ou changé. Alors depuis ce temps, je m'efforçais d'harmoniser le tout en toute circonstance afin d'être absolument irréprochable. Après cette rapide séance maquillage, j'enfilais une robe légère, vu la chaleur étouffante à mourir, mais ne mis pas de chaussures. Dans mon vieil appartement, j'aimais rester pieds nus et sentir le parquet sous ma plante des pieds, quitte à m'en sortir avec des échardes.
Une fois habillée, je préparais de vrais scones à l'anglais, histoire de me rappeler un peu l'Europe. J'avais beau être française et fière de l'être, j'avais toujours préféré les scones à la brioche. peut-être parce que cela faisait plus distingué. Je sortais toutes mes boîtes de thé - j'avais un stock complètement dantesque, je pouvais en boire à n'importe quelles heures du jour et de la nuit -, avant de m'installer dans mon vieux canapé défoncé. Comme la plupart de mon mobilier, je l'avais trouvé dans un dépôt-vente un peu miteux, je préferais dépenser mon salaire en vêtements qu'en meubles à vrai dire. J'essayais en général de me convaincre que ce canapé avait un petit côté "vintage" pour ne pas avoir à me rendre à l'évidence : il était tout simplement hideux. Je pris mon livre - Never Let Me Go, de Kazuo Ishiguro - en attendant Wayne. Il était habituellement plutôt ponctuel, ce qui était assez plaisant. Pour ma part, j'étais généralement en retard, sans doute parce qu'inconsciemment, je voulais me faire désirer par la personne qui m'attendait, même si celle-ci n'était que mon médecin ou mon esthéticienne. Je m'allumais une cigarette et ouvrit le livre à la page 228, le début du chapitre 13. J'aimais bien ce livre, même si j'avais encore plus aimé le film du même nom.
A seize heures et vingt-huit minutes, on frappa quatre coups brefs à la porte et celle-ci s'ouvrit devant Wayne. Il n'y avait que lui pour frapper de cette façon et je ne prenais même plus la peine d'aller lui ouvrir, il connaissait très bien le chemin jusqu'à mon vieux canapé. Je remarquais immédiatement un détail qui me sauta au yeux.

« Très jolie chemise. La nouvelle Paul Smith ? J'ai toujours milité pour une coupe plus échancrée, ça met vos muscles beaucoup plus en valeur. »

Je me levais pour aller préparer le thé. Comme à son habitude, je savais que Wayne prendrait un thé noir quand j'allais me contenter d'une thé vert, plus détox à cette heure de la journée. L'eau chauffa rapidement dans ma vieille théière et je revins me jeter dans le canapé. Je savais que je pouvais parler de tout et de rien avec Wayne, il n'était pas vraiment du genre à me juger.

« Alors, pas de vieilles peaux collantes aujourd'hui ? Peut-être une belle blonde plantureuse ? »

J'aurais pu passer des heures à observer les badauds dans les grands magasins. Entre la petite jeunette qui pense pouvoir passer inaperçue au milieu de robe qu'elle n'a pas les moyens de se payer et les grands-mères, jamais satisfaites, il y avait toujours sujet à rire.

À seize heures trente, il avait rendez-vous chez Manon, une fille qu’il a connue en arrivant ici. Il lui avait d’ailleurs pris un petit cadeau venant de la boutique. Un porte-monnaie noir, en cuir, issu de la nouvelle collection, qu’ils n’avaient pas encore exposés. Elle l’aurait donc en avant-première. Il n’y avait pas de raison spéciale à ce geste, mais le jeune homme était plutôt attentionné envers ses amis les plus proches. Aujourd’hui, il terminait tôt. Heureusement d’ailleurs, parce qu’il n’y avait pas un chat à 15h45. Quelques touristes étaient passés vers midi, mais sinon, plus personne depuis. Faut dire que c'était souvent comme ça, les jours se ressemblaient. Il y avait parfois des rushs aux alentours de treize heures et dix-huit heures. Il ne lui restait qu’une quinzaine de minutes avant de finir. Wayne ne savait plus quoi faire, il avait déjà nettoyé les traces de doigts apparentes sur le comptoir, et avait pris l’initiative de remettre en place les produits qui ne lui semblaient pas bien placés. Maniaque, il fallait toujours que tout soit bien aligné. Son responsable lui dit alors de partir, puisqu’il n’y avait plus rien à faire. La journée était terminée, enfin !
Il était seize heures quand il quitta le centre commercial avec sa voiture, direction le sud, à Waikiki.

A 16H28, Wayne se trouvait devant la porte de Manon, frappant 4 fois avant de mettre les pieds dans l’appartement, assez grand. A peine eut-il le temps de poser ses affaires que son amie lui dit ;

« Très jolie chemise. La nouvelle Paul Smith ? J'ai toujours milité pour une coupe plus échancrée, ça met vos muscles beaucoup plus en valeur. »

Manon avait l’oeil. Il portait effectivement la nouvelle chemise Paul Smith, couleur blanche oblige. Il l’avait acquis pour la modique somme de 220 dollars, bénéficiant d’une réduction d’un de ses collègues, vendeur chez la marque anglaise. Wayne avait les moyens, certes, mais il ne roulait pas sur l’or non plus. Wayne lui fit la bise avant de s'asseoir dans le fauteuil.

« Décidément je serai toujours aussi surpris par tes connaissances en la matière. Tu ferais une tres bonne vendeuse dans le luxe, tu l'sais ça ? Toi tu es toujours impeccable, comme d’habitude. »

Aaah le métier dans le luxe... Wayne avait décidé de prendre cette voie-là pour une raison particulière: tout d’abord, la clientèle était très différente des magasins “normaux”. À ses débuts, après avoir arrêté la fac, il avait décroché un job dans une boutique de vêtements de sport à New York. La majorité de ses clients étaient jeunes, mais le boulot était plutôt ennuyant. Il faisait toujours les mêmes choses : ramasser, replier, ramasser, replier. Et j’vous dis pas quand c'était la période des soldes, là, c'était horrible. Mais bon, il y avait aussi des bons cotés à côtoyer des gens comme lui - c'est-à-dire pas riche comme crésus - il avait droit à la politesse. À l'heure d’aujourd’hui, il était bien sapé, et il ne se baissait pas toutes les deux minutes pour ramasser un tshirt qu’un client aurait fait tomber.

« Alors, pas de vieilles peaux collantes aujourd'hui ? Peut-être une belle blonde plantureuse ? »

Malheureusement pour lui, ce matin, il avait eu affaire à un petit groupe de quatre personnes, des mémés qui, premièrement ne savaient pas ce qu’elles voulaient alors que Wayne les conseillait du mieux qu’il pouvait, deuxièmement il n’y avait aucun “ bonjour, merci, s’il vous plaît ” qui étaient sortis de leur bouche, à croire que ces mots n’existaient pas et troisièmement, qui changeaient d’avis à la dernière minute. Dans ce métier, ce qu’il détestait par-dessus tout, c’était que les clients changent d’avis à la caisse, alors qu’ils ont passé deux heures à demander d’avoir un sac de telle ou telle couleur, par exemple. Bien sur, il était très patient, il travaillait toujours avec le sourire quand cela lui arrivait, mais un jour, quand il en aura vraiment marre, vous aurez affaire à un Wayne désagréable. Et tant pis pour la prime de fin d’année. Mais bon, en quatre ans d’expériences en vente, il n’avait encore jamais perdu patience.

« Hélas, non, pas de belle blonde plantureuse. Mais à la place, j’ai eu la joie de servir des vieilles mémés sans aucun savoir vivre. Je ne demande pas la lune non plus ! Un “ merci jeune homme ” et je suis content. »

Repondit-il en soupirant. C’est vrai quoi, on prend le temps de les saluer, et on se reçoit un vent monumental. Enfin bref, il n’allait pas se plaindre.

« Mais bon, ne parlons pas de ma journée. Comment s’est passée la tienne ? »

Le jeune homme prit le petit sac cadeau, et le tendit à Manon.

« Au fait, cadeau. »

Avec Wayne, nous nous amusions beaucoup à commenter et critiquer tous les clients qui passaient dans son rayon. Je devais avouer que cette activité était jouissive pour la langue de vipère que je pouvais être parfois. Je me fichais bien si ces gens m'entendaient ou pas, c'était de leur faute de toute façon : s'ils avaient été irréprochables en tout point, je n'aurais rien eu à redire. Malheureusement, il y avait de moins en moins de personnes avec du goût et du style de nos jours. Fort heureusement, Wayne et moi ne faisions pas partis de cette catégorie là.

« Hélas, non, pas de belle blonde plantureuse. Mais à la place, j’ai eu la joie de servir des vieilles mémés sans aucun savoir vivre. Je ne demande pas la lune non plus ! Un “ merci jeune homme ” et je suis content. »

Wayne soupira. Les grands-mères étaient souvent les pires clientes qu'il soit. Toujours de mauvais humeurs et toujours à vous raconter leur petit tracas ... Je plaignais souvent mon ami d'avoir à les supporter ! Pour ma part, les croiser en rayon me suffisait déjà amplement. Je bus une gorgée de mon thé tout juste brulant.

« Mais bon, ne parlons pas de ma journée. Comment s’est passée la tienne ? »

Pour une fois, j'avais travaillé le matin à la galerie, ce qui m'avait permis de finir plus tôt que d'habitude. Ce job de guide me convenait tout à fait, il me permettait de travailler dans un domaine qui me passionnait, tout en ayant un salaire convenable et un emploi du temps pas trop chargé. Les visiteurs étaient en général des amateurs d'art avertis et c'était toujours un réel plaisir de discuter avec certains d'entre eux. Je m'entendais également très bien avec mes collègues quelqu'uns d'entre eux étaient devenus de vrais amis. Il n'y avait que la présence de Malo qui était sujet à discorde : notre relation était plus que compliquée, et je ne savais jamais comment me comporter avec lui : un jour, il pouvait être le plus adorable des hommes et je l'aurais épousé sur le champ, et le lendemain, je lui aurais volontiers mis ma main dans la gueule. Mais bon, je m'y faisais peu à peu. J'allais épiloguer sur un groupe de touristes japonais de ce matin quand Wayne sortit un petit paquet de son sac.

« Au fait, cadeau. »

Je lui souris comme une gamine. Par moment, je pouvais être une véritable enfant : j'aimais les cadeaux, j'aimais les surprises et je ne m'en cachais pas. Je bredouillais un petit « Merci » à l'intention de mon ami et ouvris rapidement le paquet cadeau. Il n'aurait pas pu me faire plus plaisir : un [blablabla] de la dernière collection du magasin. Du moins, c'était ce que je supposais étant donné que je ne l'avais pas encore vu en rayon. Et comme je connaissais à peu près par coeur tous les rayons de tous les magasins fréquentables d'Honolulu, je pouvais surement faire confiance en mon instinct. Je pris mon ami dans mes bras en le remerciant une bonne dizaine de fois encore. Ce garçon était vraiment un amour et j'étais vraiment heureuse de l'avoir rencontré en arrivant ici. Je m'étonnais d'ailleurs régulièrement qu'il n'ait pas de petit ami. En effet, il était tout ce dont une jeune femme pouvait rêver : il était charmant, gentil, et il avait en plus un boulot stable et de bonne manière. A la place de certaines autres filles, je lui aurais très certainement sauté dessus depuis longtemps mais Wayne était mon ami et faire ce genre de chose avec mes amis n'était vraiment pas mon truc.

Je sentis venant de la cuisine l'odeur des scones prêts à être sortis du four. En cuisinière avertie (ou pas), je souris à Wayne et me dépechais d'aller chercher les biscuits anglais avant de les ramener sur la table basse, la confiture et le mascarpone en accompagnement. Je me rassis en tailleur sur la canapé.

« Tiens, tu m'en diras des nouvelles. Pour ma journée ça a été. Un couple de japonais m'a dit ce matin que j'avais un petit air de Brigitte Bardot, je crois que j'ai jamais autant rougi de ma vie. Mais bon, ils avaient l'air myope comme pas deux, alors bon, j'ai surtout bien rigolé. »

Brigitte Bardot avait été une sorte d'icone de la mode dans le monde entier à son époque, et je ne doutais pas que même s'il n'avait pas grandi en France, Wayne en ait déjà entendu parler. Je pense qu'on aurait pas pu trouver comparaison plus flatteuse.

« Et puis ce soir je pensais aller faire un tour au club, histoire de monter un peu. Même si je me demande ces derniers temps si j'y vais plus pour les chevaux ou pour le moniteur ! »

Continuais-je en rigolant. Il fallait avouer que le moniteur d'équitation en question était carrément à tomber par terre. Il avait en plus de la répartie, ce qui ajoutait encore un peu plus à son charme. Je ris et pris un scone avec une bonne couche de confiture. Il n'y en aurait jamais ici d'aussi bonnes que les confitures françaises, mais je m'accomodais plutôt bien à la nourriture hawaïennes pour le moment.

« Et toi ? Ca donne quoi les filles en ce moment ? »

« Merci »

Wayne était content que son cadeau plaise à son ami. Il connaissait ses gouts depuis le temps. Et puis, c’était son anniversaire dans un peu plus de trois mois, il savait déjà ce qu’il allait lui offrir.

« Je t’en prie mademoiselle »

répondit-il en français. Manon se dépêcha d’aller chercher ce qu’elle avait préparé en cuisine. Des scones. Alors c’était donc ça cette belle odeur qui s’était propagée jusque dans le couloir ! D’ailleurs, il ne lui avait pas dis, mais cela lui avait donnée l’eau à la bouche. Quel gourmand celui-là.

« Tiens, tu m'en diras des nouvelles. Pour ma journée ça a été. Un couple de japonais m'a dit ce matin que j'avais un petit air de Brigitte Bardot, je crois que j'ai jamais autant rougi de ma vie. Mais bon, ils avaient l'air myope comme pas deux, alors bon, j'ai surtout bien rigolé.
Et puis ce soir je pensais aller faire un tour au club, histoire de monter un peu. Même si je me demande ces derniers temps si j'y vais plus pour les chevaux ou pour le moniteur ! »

La mère de Wayne était fan de Brigitte. Elle avait ramené avec elle a NY toute sa collection de films où elle apparaissait, ainsi que des posters géants. D’ailleurs, elle fut déçue d’avoir engendrer un fils, Mme Holloway voulait une fille pour lui donner le prénom de son idole. Elle disait qu’il n’y avait pas plus belle et talentueuse actrice que cette femme. Le jeune homme était de son avis concernant sa beauté, mais n’ayant pas eu le courage de regarder l’un de ses films avec sa maman, il ne pouvait pas juger son jeu d’actrice.

« Un petit air de Brigitte Bardot ? Hum... ” Il s’arrêta de parler Durant un bref instant, pencha sa tête et reprit “ Si on penche la tête à 45 degrés, on peut effectivement remarquer que tu as des traits de BB. Haha ! Non, sérieusement, ces Japonais n’avaient pas tort. Tu lui ressembles quand elle était plus jeune.
Et Te connaissant, j’aurai plutôt dit pour le moniteur. M’enfin, je dis ça je ne dis rien. »

dit-il en lui faisant un clin d'oeil très exagéré. Wayne aimait bien taquiner ses amis, à propos de tout et n’importe quoi. Il prit à son tour un scone, ayant attendu qu'il refroidisse un peu, le tartina de confiture et se prit son the noir. Une grosse bouchée du biscuit, et il était au paradis.

« Dis donc, tu en avais déjà fais avant ? Parce que c’est délicieux !»

Manon en avait peut-être déjà préparé avant, mais Wayne ne s’en souvenait pas. Après tout, c’était un gros mangeur, et sa mémoire flanchait parfois. Concernant la nourriture, il aimait tout ce qui se mangeait, sauf les haricots. Il avait une sainte horreur de ces légumes. Autant les choux de Bruxelles pouvaient passer, mais les haricots… En tout cas, depuis qu’il était à Hawaï, il se régalait avec les plats locaux.

« Les filles ? Eh bien, comme d’habitude. Le néant. Les seules que je côtoie sont soit les clientes du magasin, soit des minettes de 20 ans – sans vouloir t’offenser – qui viennent me draguer parce que j’ai des reductions sur les produits de la marque. Je n'ai pas souvent l’occasion d’aller faire la fête, et faut dire que je suis un piètre dragueur. Quand est-ce que tu obliges l'une de tes copines à sortir avec moi ? »

Demanda-il en riant. Bien sur, il n'était pas sérieux. D'une, il n'aimait pas les coups arrangés, et de deux, elles avaient surement le même âge que son ami.Wayne avait essayé plusieurs fois de draguer des filles avec son meilleur ami Elvis le King, mais sans succès. Quand il était stressé, ses mains étaient moites, et dieu sait que c’est très gênant, sans oublier qu’il devenait maladroit en un claquement de doigt. En général, il n’est pas du genre timide, mais depuis que sa copine et lui a rompu il y a quatre ans, il perdait ses moyens face à une jolie fille. Mais bon, comme il est quasiment tout le temps habillé en costume cravate, cela jouait sur le charme qu’il dégageait, et donc, on oubliait ses gaffes.

« Et mis à part le moniteur, personne en vue ? Oh tu sais quoi . Louis Vuitton en a après moi. Ils me veulent dans leur équipe. Je ne m'occuperai que de la maroquinerie, ça me changera de la boutique -bidule- . Et puis, je travaillerai au même endroit, a un étage différent. À ton avis, je leur dis oui ? »

Wayne reprit un deuxième scone, cette fois-ci avec de du mascarpone. Le gout était... différent. Il préférait largement avec de la confiture !

HJ : J'ai pensé à toi, j'ai fait des scones cet après-midi \o/

Mon ami semblait aimer mes scones. En même temps, si mes souvenirs étaient bons - comme la plupart du temps -, Wayne aurait pu ingurgiter à peu près tout et n'importe quoi. Devant une assiette, son côté à moitié français s'exprimait tout particulièrement dirons-nous. Je devais admettre que je pouvais être moi aussi une vraie gourmande devant un truc qui me plaisait. En bonne française, le fromage était mon péché mignon, j'aurais pu en avaler des tonnes et des tonnes.

Je demandais ensuite à Wayne ce que ça donnait de son côté avec les filles. Beau comme il était, ça n'aurait pas du être une grande difficulté de se trouver quelqu'un. Et pourtant, je ne l'avais jamais vu avec une demoiselle depuis que je le connaissais.

« Les filles ? Eh bien, comme d’habitude. Le néant. Les seules que je côtoie sont soit les clientes du magasin, soit des minettes de 20 ans – sans vouloir t’offenser – qui viennent me draguer parce que j’ai des reductions sur les produits de la marque. Je n'ai pas souvent l’occasion d’aller faire la fête, et faut dire que je suis un piètre dragueur. Quand est-ce que tu obliges l'une de tes copines à sortir avec moi ? »

Je ris quand il parla des petites minettes de vingts ans. Il était vrai que certaines d'entre elles étaient de vraies plaies, des gamines pas possible. Parfois, je me demandais si ces filles avaient vraiment le même âge que moi. Mais bon, j'avais grandi dans un milieu où on m'avait dès mon enfance trimballer en société, j'avais rapidement du apprendre à me tenir et à fréquenter des adultes. Mais certaines filles d'ici me faisaient réellement pitié, je comprenais que Wayne ne les aime pas beaucoup, surtout si elles le draguaient par intérêt. Surtout qu'en général, ces filles-là faisaient ça sans absolument aucune subtilité. Pour ce qui étaient des coups arrangés avec mes copines, c'était surement loin d'être la bonne solution. Premièrement, j'avais assez peu de très bonnes copines ici finalement, je n'avais pas encore eu le temps de vraiment lier de grandes relations. Et puis à mon avis, avec des rencontres arrangées, il ne gagnerait au mieux qu'un super plan cul, rien de plus.

« Quand tu veux, je suis sûre qu'elles seraient ra-vie d'avoir un estomac sur pattes en guise de copain ! »

Dis-je en riant. Je me moquais de lui évidemment, ce n'était pas méchant. De toute façon, l'estomac n'était pas ce qu'une fille regardait en premier chez un garçon - sauf si évidemment il prenait beaucoup trop de place. Personnellement, le physique m'importait peu. Enfin si un peu, mais je n'avais pas de critères particuliers. J'étais juste attirée par des hommes qui avaient un tant soit peu de caractère et qui me donnaient un peu de fil à retordre.

« Et mis à part le moniteur, personne en vue ? Oh tu sais quoi : Louis Vuitton en a après moi. Ils me veulent dans leur équipe. Je ne m'occuperai que de la maroquinerie, ça me changera de la boutique -bidule- . Et puis, je travaillerai au même endroit, a un étage différent. À ton avis, je leur dis oui ? »

Je ris en le voyant reprendre un second scone : il était vraiment incorrigible. Louis Vuitton était une bonne marque, mais ces derniers temps, la contre-façon avait amené un peu tout le monde à en porter, et les badauds qui s'appropriaient des marques de luxe, ce n'était jamais une bonne chose. On se retrouvait avec des racailles et des poufs habillés en Louis Vuitton, moi ça me donnait juste envie de vomir. Mais cette vulgarisation de la mode, c'était un peu le mal de notre époque après tout.

« Moi j'attendrais un peu. Tu joues le chaud et le froid avec les deux camps, tu les fais attendre un peu. Du coup, ça fait monter les enchères et pour toi c'est banco au niveau du salaire ! Peu importe pour qui tu travailleras, tu gagneras plus qu'en ce moment. »

Wayne était un très bon vendeur, je comprenais que plusieurs grandes marques se l'arrachent. Il était poli, courtois, et il connaissait très bien son domaine. Pour l'avoir rencontré en tant que vendeur avant d'être son amie, je pouvais certifier qu'il était très bon dans ce rôle.

« A part le moniteur de cheval ... Non personne, enfin rien de sérieux comme d'habitude. Je me satisfais tout à fait de mon côté volage ! »

Continuais-je en riant. Il y avait ce truc bizarre, avec Malo mais je préférais ne pas en parler tellement c'était bizarre. On était pas en couple, non, loin de là, mais il y avait indéniablement quelque chose entre nous. Bref, c'était un sujet beaucoup trop compliqué pour que je passe des heures à y réfléchir.

« Au fait, j'ai une question d'extrême urgence et tu es le seul à pouvoir y répondre ! »

Je me levais et me précipitais dans ma chambre pour en revenir avec une robe dans chaque main. Dans la main gauche, une robe noire, moulante et assez courte. Bien qu'opaque, elle était ornée sur toute la longueur de dentelle très travaillée. Dans la main droite, une robe bleu nuit tout aussi courte, bustier et très ajustée sur le haut, évasée vers le bas. Je les montrais à mon ami.

« C'est pour ma soirée de ce soir. Ce sera plein de beaux mecs plein aux as et j'ai bien envie de m'amuser. En tant qu'homme mur et passionné de mode, que me conseilles-tu ? »

« Quand tu veux, je suis sûre qu'elles seraient ra-vie d'avoir un estomac sur pattes en guise de copain ! »

Il rit en l’entendant sortir cette phrase. Il était vrai que Wayne avait un grand estomac, et qu’il faisait rarement attention à ce qu’il mangeait, mais il s’entretenait afin de ne pas finir obèse. Le Dimanche matin, il allait courir sur la plage. Chez lui, avant et après le travail, il faisait quelques abdos histoire de se maintenir en forme. Ce n’était pas un fou de la muscu, et il ne faisait pas tout ça par pur plaisir, parce qu’entre nous, s’il avait le choix, il resterait affaler sur son canapé à manger. Mais il fallait bien s’entretenir, le physique compte beaucoup dans le milieu où il travaillait. Et environ une fois par mois, il se faisait des soins de visage, mais ça, personne ne le sait. Et oui, il se sentait toujours aussi homme !

« Moi j'attendrais un peu. Tu joues le chaud et le froid avec les deux camps, tu les fais attendre un peu. Du coup, ça fait monter les enchères et pour toi c'est banco au niveau du salaire ! Peu importe pour qui tu travailleras, tu gagneras plus qu'en ce moment. »

Manon n’avait pas tort. S’il se faisait désirer, ils augmenteraient son futur salaire. Bien sur, il ne devait pas prendre trop de temps à répondre, sinon l’offre allait lui passer sous le nez.

« Je pense que je vais suivre ton conseil. Par contre, j’aurai bien voulu aller voir du côté d’Hermes. Enfin bon, je demanderai à mon responsable ! »

Maintenant qu’il avait ‘assez’ d’expériences dans le luxe, peut-être accepteront-ils sa candidature ? Et puis, étant presque bilingue anglais/français, et avec quelques notions d’hawaïen et japonais, c’était un bon point pour lui. Pour lui, Hermes était meilleur que Louis Vuitton. On ne voyait que très rarement de contrefaçons, contrairement à LV. Et puis la rareté de certains de leurs sacs tels que le Kelly ou le Birkin faisait que cette marque était légèrement plus prestigieuse que la marque au monogramme.
De toute manière, tout se sait dans le monde du travail. Dans le luxe, c’était le bouche-à-oreille qui primait. Et comme Wayne faisait assez bien son boulot, les responsables d’Hermes ont surement entendu parlé de lui...

« A part le moniteur de cheval ... Non personne, enfin rien de sérieux comme d'habitude. Je me satisfais tout à fait de mon côté volage !
Au fait, j'ai une question d'extrême urgence et tu es le seul à pouvoir y répondre ! »

Y en a qui en avait de la chance. Dans son carnet d’adresses, Wayne avait plusieurs amis du même genre que la jeune fille. Les relations sérieuses ? Ce n’étaient pas pour eux. Il profitait pleinement de leur jeunesse et de leur célibat. Il devrait en faire de même... Manon ne parla pas de son collègue Malo, pourtant après l’avoir vu quelques fois dans la galerie où ils travaillaient tous les deux, il lui semblait qu’il y avait un petit truc entre eux. M’enfin, il préféra ne pas en parler. Elle partit alors précipitamment pour aller chercher quelque chose dans sa chambre. D’après lui, ce serait évidemment une question chiffons.

« C'est pour ma soirée de ce soir. Ce sera plein de beaux mecs plein aux as et j'ai bien envie de m'amuser. En tant qu'homme mur et passionné de mode, que me conseilles-tu ? »

Wayne avait repris un scone à la confiture en l’attendant, ainsi que du thé noir, préparé par Manon avant son arrivée. Décidément, elle avait pensé à tout. Elle revint avec deux robes, lui demandant de la conseiller. .

« La bleu nuit, hum, elle est jolie, mais je ne sais pas, elle ne me dit rien. La couleur noire revient pour les collections automne /hiver, alors je te conseille celle-là. D’ailleurs elle est assez belle avec la dentelle sur le côté. Par contre, si tu optes pour la noire, n’oublies pas, chaussures et sac de la même couleur hein ! »

Dans tous les cas, Manon serait très belle dans les deux robes. Cela semblait être si difficile d’être une fille. Choisir une robe qui allait, le maquillage, la coiffure, les accessoires... En tant que garçon, il ne fallait qu’un smoking, des chaussures et une belle cravate. Pas de maquillage, pas de sac, et surtout, inutile de passer deux heures dans la salle de bains.

« Ne t’amuse pas trop mademoiselle ! Elle est où cette soirée d’ailleurs ? »

Alors que j'étais partie les deux robes dans ma chambre, Wayne s'était resservi un scone avec de la confiture. Il était tout bonnement incorrigible, il n'y avait plus rien à faire de lui. Il avait de la chance de faire du sport et d'avoir une morphologie qui lui permettait de manger beaucoup. Dans le milieu où il travaillait, quelques kilos en trop ne pardonnaient jamais et pouvaient souvent vous être préjudiciables. Mais fort heureusement, Wayne n'avait pas encore ce problème et c'était un fort beau jeune homme. Je revins vers lui, une robe dans chaque main et le sourire aux lèvres, pour lui demander son avis.

« La bleu nuit, hum, elle est jolie, mais je ne sais pas, elle ne me dit rien. La couleur noire revient pour les collections automne /hiver, alors je te conseille celle-là. D’ailleurs elle est assez belle avec la dentelle sur le côté. Par contre, si tu optes pour la noire, n’oublies pas, chaussures et sac de la même couleur hein ! »

Je ris devant cette petite analyse ultra-précise. Qu'est-ce que j'aimais les commentaires mode de Wayne. Toujours précis, et surtout toujours une saison en avance ! Avec lui, j'étais toujours sûre d'être au top. J'allais sans doute finalement opter pour la noir, plus passe-partout et plus sexy. Et puis je ne pouvais pas contredire un avis de Wayne de toute façon. Je posais les deux robes sur le fauteuil avant de me rasseoir sur le canapé. J'allais maintenant devoir trouver des chaussures adéquates.

« Ne t’amuse pas trop mademoiselle ! Elle est où cette soirée d’ailleurs ? »

J'aimais ce petit coté protecteur. Mon ami n'avait que quatre ans de plus que moi, mais j'avais parfois l'impression qu'il en avait au moins dix ! Mais peut-être parce que Wayne était un garçon plutôt mature alors que de mon coté ... Je pouvais parfois être une vraie gamine. Femme fatale à l'heure H et encore adolescente à la minute d'après. Je n'avais que vingt après tout, et même si j'avais plaisir à me considérer comme une adulte à part entière, oui, j'avais toujours besoin que l'on veille sur moi par moment. Mes parents étant à l'autre bout du monde, mes amis remplissaient merveilleusement bien ce rôle.

« C'est une soirée organisée par Chace Smith, le fils du gouverneur, à l'Helena's Hawaii Food. Je l'ai rencontré à un vernissage et depuis il m'invite à toutes ces soirées branchées ! »

Je pris mon paquet de cigarette sur la table et m'allumai une cigarette. Je n'aimais pas fumer dans mon appartemment, ça allait puer le tabac froid et j'allais devoir aérer pendant trois quarts d'heure, mais c'était cette affreuse habitude de fumer pendant une conversation. J'éloignais la cigarette du canapé pour ne pas déranger Wayne. J'eus soudain un éclair de génie. Oui, oui, ça m'arrive parfois.

« Tu veux pas venir avec moi ? J'ai le droit de venir accompagnée. Et puis même si j'avais pas eu le droit, je suis sûre que tu pourrais rentrer. »

Ca pourrait être vraiment fun de passer la soirée ensemble après tout. Moi j'aurais quelqu'un pour me chaperonner et m'empêcher de trop boire, et lui pourrait passer une bonne soirée entouré de gens un peu importants, très friqués, et en général assez sympa, même si, comme partout, il y aurait forcément des cons. Mais justement, avec Wayne avec moi, je risquais de moins remarquer les cons.

« Je suis sûre qu'on s'amuserait bien ! Et puis je te présenterai des copines à moi ! »

J'aimais pas les coups arrangés, mais cela ne m'empêchait pas de lui présenter du monde hein après tout.

Apparemment, il n’y aurait que du beau monde vu l’organisateur de la soirée. Wayne n’avait jamais pris le temps d’y participer, et de toute manière, on le voyait rarement sur les listes de ce genre de rassemblement, sauf quand c’était l’enseigne pour qui il travaillait qui en organisait. Il y avait droit au moins deux fois par an. – Bidule – réunissaient tous ses vendeurs du monde entier dans un même lieu, afin de passer une bonne soirée avec la ‘famille’. Cela permettait de tisser des liens. Et puis c’était aussi une occasion d’acheter quelques produits de la marque. Une sorte de vente privée exclusivement réservé aux vendeurs.

« C'est une soirée organisée par Chace Smith, le fils du gouverneur, à l'Helena's Hawaï Food. Je l'ai rencontré à un vernissage et depuis il m'invite à toutes ces soirées branchées ! »

Manon était toujours invitée dans les plus grandes soirées. Aah la jeunesse ! À son âge, Wayne travaillait déjà en tant que vendeur dans une boutique de sport à New York. Il avait décidé de ne pas continuer ses études à la fac, préférant partir au bout de quelques mois. Et il ne regrette toujours pas sa décision.

« Tu veux pas venir avec moi ? J'ai le droit de venir accompagnée. Et puis même si j'avais pas eu le droit, je suis sûre que tu pourrais rentrer. Je suis sûre qu'on s'amuserait bien ! Et puis je te présenterai des copines à moi ! »

C’était une proposition alléchante, pour la partie soirée. Par contre, pour les filles...
Wayne n’aimait pas les coups arrangés, depuis son histoire avec Miranda, son ex petite amie rencontrée via des amis, a l’époque du lycée. Ensemble pendant quatre ans, ce fut la seule relation sérieuse qu’il ait eue. Mais ils se sont quittées d’un commun accord, en bons termes. Mais bon, plus de nouvelles depuis qu’il est parti à Hawaï. Tant pis, il faut bien tourner la page.

« Je n’ai pas l’habitude de ce genre de soirée... Mais bon, pourquoi pas ! Et puis tes copines... Vaut mieux pas les présenter, je ne voudrai pas qu’on vienne te faire remarquer que tu traines avec des crétins ! »

Il plaisantait, mais c’était en partie vrai. Il perdait ses moyens devant de jolies filles qui pourraient lui plaire, pourtant, en temps normal, il était plutôt du style sûr de lui, et pas vraiment timide.

« Dis-moi, c'est plutôt une soirée dansante ou une soirée discussion champagne autour d'un buffet dinatoire ? Je rentrerai chez moi plus tard, histoire de me changer et mettre un autre smoking. Je viendrai te chercher. La petite party commence à quelle heure ? »

Wayne priait pour que ça ne soit pas une soirée dansante. En plus d'être un piètre drageur, c'était un très mauvais danseur. Enfin, il n'était doué que pour la danse des canards, hélas, ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait pouvoir montrer ses talents !

J'espérais que Wayne accepterait de venir avec moi à cette soirée. Après tout, cela s'annonçait plutôt sympa, il y aurait beaucoup de personnes intéressantes présentes, plein de champagne et de petits fours à avaler. Je savais que mon ami n'aimait pas tellement les grandes beuveries où tout le monde finissait complètement ivre. Mais cette fois, ce n'était pas vraiment le cas, c'était un truc un peu plus classe, où mon nom servait en général d'invitation à l'entrée. Après tout, la noblesse française avait encore quelques privilèges dans certains endroits. Et en général, je savais très bien m'en servir quand cela m'arrangeait. Et comme mon nom pouvait me désservir, et bien je ne le précisais pas, comme ça, la situation était toujours à mon avantage de ce côté là.

« Je n’ai pas l’habitude de ce genre de soirée... Mais bon, pourquoi pas ! Et puis tes copines... Vaut mieux pas les présenter, je ne voudrai pas qu’on vienne te faire remarquer que tu traines avec des crétins ! »

Je lui donnais une petite tape sur le bras et le regardais en levant les yeux au ciel. Qu'il était bête ! Wayne faisait vraiment parti de mes meilleurs amis sur cette île et je savais qu'il avait suffisamment de conversation sur des tas de sujets différents pour ne pas passer pour un inculte pendant tel ou tel discussion. Et puis même s'il n'était pas un roi de la drague, Wayne était un garçon foncièrement gentil qui pouvait se lier d'amitié avec n'importe quelle personne, même la plus riche ou la plus huppée, j'en étais certaine. Et puis je savais également qu'il pouvait épater n'importe qui avec ses connaissances sur la mode. Si une conversation se lançait là-dessus, cela n'aurait aucun secret pour lui. Et je ne savais que trop bien que la mode était souvent au coeur des discussions féminines pendant les soirées.

« Dis-moi, c'est plutôt une soirée dansante ou une soirée discussion champagne autour d'un buffet dinatoire ? Je rentrerai chez moi plus tard, histoire de me changer et mettre un autre smoking. Je viendrai te chercher. La petite party commence à quelle heure ? »

J'étais vraiment heureuse qu'il accepte de venir à cette soirée à mon bras, je n'aurais ainsi pas l'impression d'être coincée entre tous ces gens qui regardent leurs voisins de table de haut. Certains d'entre eux savaient vraiment être désagréable au possible, sans tenter de s'en cacher. Non, j'étais persuadée que nous allions passer une excellente soirée, très amusante. Nous allions pouvoir nous amuser à critiquer tout et tout le monde, comme dans les rayons des magasins.

« Plutôt petits fours et champagnes, le fils du Gouverneur fête son admission dans l'un des plus grandes universités du continent, je crois que des gens très importants seront présents. Alors je crois que nous allons devoir garder notre Macarena au placard pour ce soir ! »

Dis-je en riant. Je n'étais pas vraiment une experte de la danse "organisée". Je préférais largement n'en faire qu'à ma tête et inventer mes propres pas. C'était beaucoup plus drôle ! Qu'importe que l'on me regarde, le plus important était de s'amuser.

« Sur l'invitation, c'est écrit 19h, mais il faut toujours se faire un peu désirer dans ces cas là, donc je pense que tu peux venir ici vers 19h45, pour qu'on y soit pour 20h ! »

J'adorais que l'on remarque mon entrée lors de ce genre de soirée, alors en général j'attendais qu'un minimum de personnes soit déjà présent. Une belle robe, un sac à la mode, un tour de tête pour faire s'envoler mes cheveux, un sourire et le tour était joué pour montrer à l'assemblée que vous étiez là et bien là. Je trouvais cela follement amusant !

« Je sais que ma copine Emma sera là. Elle est mannequin depuis quelques années, je l'avais rencontré à Paris. Elle est juste magnifique, et elle a visité tellement d'endroits tout en gardant sa simplicité, je trouve ça vraiment génial. »

J'avais été très heureuse de savoir qu'Emma était à Hawaï quand j'avais reçu son message. C'était une jeune femme très amusante qui ne se prenait pas la tête malgré son boulot.