Voilà plusieurs semaines que j’étais revenue ici et pourtant, je n’avais encore vu personne de ma famille. Ni mon père, ni ma mère, ni même ma grande sœur. Est-ce que je leur en voulais ? À mon père, plus que probablement. Il avait ruiné une enfance que j’aurais dû avoir douce, me rabaissant à chaque larme, à chaque cri et à chaque peur. À Kaela, sûrement aussi. Après tout, elle avait été le modèle que j’aurais dû attendre, et que j’avais abandonné à l’adolescence. Elle était parfaite. Pleine de rigueur et de rigidité, comme le voulaient mes parents. Tout ce que je n’étais pas. Moi, la gamine rebelle, partie aux États-Unis pour suivre son rêve et devenir chanteuse, alors qu’ils avaient toujours voulu que je suive les traces de la famille, et devienne militaire. Ce n’était pas, et cela n’avait jamais été mon truc. Avant ma rébellion d’adolescence, j’avais pensé à, peut-être, suivre cette voie. Puis, voyant que, quoique je fasse, je n’étais jamais à la hauteur de ma sœur, ou que je ne rendais jamais fiers mes parents, j’avais abandonné, et avais commencé à former d’autres rêves.

Et voilà où j’en étais. Ruinée, forcée de prendre un job de serveuse dans une boîte de nuit. De luxe, certes, mais cela restait très précaire. Je n’avais jamais réussi à obtenir de contrat à Los Angeles ou à Vegas. J’en connaissais trois qui risquaient de bien se marrer en voyant ce que j’avais réussi à devenir. Mon argent passait dans mon loyer, mes courses, et mes seules soirées de congé dans les bars de l’île, à boire de tout mon saoul tout l’alcool qui me passait sous la main. J’avais tout perdu. Mes rêves, un amour que je n’avais pas été capable de garder, ma famille, et la majorité de mes amis. Pitoyable… j’étais loin d’être fière de moi, mais je ne me ferais pas l’affront de repartir chez mes parents. Je voyais déjà la tête de mon père. Heureux de voir que j’avais échoué dans le but que je m’étais fixée.

Assise au bar, devant mon verre que je faisais tourner entre mes doigts, j’étais plongée dans mes pensées sans aucun but. Un boulot pourri, un appartement miteux, et j’en passé. J’étais vraiment mal barrée. Je soupirais, et buvais une gorgée de mon breuvage alcoolisé en relevant la tête. Je tombais alors face à face avec ma sœur, Kaela, qui me regarda de l’autre côté du bar. Chassez le naturel, il revient au galop… je levais mon verre en sa direction, dans un geste de pure arrogance. « Tiens ! Mais voilà Miss Parfaite. » ; J’avais pris l’habitude, par aigreur et amertume, de l’appeler comme cela. Je ne supportais pas le fait qu’elle soit plus parfaite que moi, qu’elle ait toujours été la préférée aux yeux de mes parents. Pourquoi, après tout ? À l’âge de six ans, déjà, j’étais celle qui était la moins forte parce que j’osais pleurer après m’être râpé le genou sur un coin de béton dans le jardin. Kaela n’aurait jamais fait cela, soi-disant. Mais quelle petite fille ne pleure pas après quelque chose de ce genre, après tout ?

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honey, for all the things that you've done to me

Comment résumer la journée de Kaela en un seul mot ? Pitoyable. Oui, c’est bien le bon mot. En même temps, se lever du pied gauche ne facilitait pas la tâche. En premier lieu, se réveiller sans Roméo, parti quelques jours pour un séminaire de la santé à New York, était déjà une chose pas terrible. En plus de ça, elle avait découvert que son chat, whisky, avait saccagé le sac de sa litière et en avait mit partout. Elle avait recueilli ce petit chaton alors abandonné dehors. Trop craquant, elle avait pris chez elle, mais toute son éducation restait à faire. Du coup, elle avait été en retard à son boulot, et Aydan avait dès le début commencer à lui taper sur les nerfs. Continuer avec ça sur des missions presque ratés, et des personnes désagréables, Kaela avait rapidement craqué. S’enfermant quelques minutes dans les toilettes des dames du commissariat, elle avait tenter de reprendre ses esprits et faire un effort sur l’autre partie de la journée. Finissant son service à 17h, elle partit sans rien dire aux autres officiers, et entra chez elle. La jeune femme se fit couler un bain, avec bougie et mousse, et se détendit une ou deux heures dans l’eau bouillante. Rien de tel pour redonner de la force à Kaela. En sortant, elle passa dans sa chambre, enfila un jean et t-shirt simpliste, coiffa ses cheveux, se maquilla un petit peu, et enfila ses quelques bijoux précieux. Sortant son téléphone de son sac, elle envoya un texto à Birdy « Retrouve moi au Maï Taï Bar, j’ai besoin d’un verre ». Quelques instant après, son portable vibra : « Parfait ! 20h » Se posant devant la télé, elle alla chercher avant un jus de fruit et de quoi grignoter afin de se remonter le moral. Rien d’intéressant à la télé, elle ne fit que zapper. Finalement, elle se leva, enfila ses ballerines noirs, sa veste en cuir, pris son sac et claqua la porte du studio.

Marchant tranquillement dans la rue, le soleil commençait à se coucher, doucement. Ses rayons laissaient apparaître des lueurs rosâtres au ciel déjà un peu couvert par des nuages. Le monde continuait à s’activer à Honolulu, même si la nuit débarquait. C’était un peu comme New York, une ville qui ne dors (presque) jamais. Tandis qu’elle avançait vers le bar, un peu loin de son appartement, elle réfléchissait. Elle avait hâte de se marier avec Roméo, c’était un type vraiment génial, qu’elle aimait c’était certain. Mais elle ne lui a jamais dit « Je t’aime… », Aydan oui. Pourquoi revenait-il si souvent dans ses pensées ? C’est vrai, il avait été là pendant la plus grande partie de sa vie, mais pourquoi elle le gardait en tête toute la journée ? Le fait qu’ils soient coéquipiers n’arrangeant pas la chose, ses pensées dérivaient toujours vers lui. En bien, comme en mal. Pratiquement souvent en mal en ce moment. Mais elle continuait à penser à lui. Bon sang ! Il n’était plus pour elle, c’était finit. Enfin, elle croyait.
Arrivant devant l’entrée du bar, elle y entra sous la bonne musique hawaïenne qui s’échapper de la porte. L’ambiance était sympatique, pas digne d’une boite de nuit, mais certains semblaient bien s’amuser, c’était certain. Commandant un Sex on the beach, elle alla s’installer dans une table, tout en attendant Birdy. Sirotant son coktail doucement, elle regarda les personnes autour d’elle. Finalement, son regard se posa sur une silhouette, bien connue. Ses cheveux bruns tombèrent en cascade sur ses cheveux, et son visage affichait une déception totale. C’était Miliani. Sa petite sœur, dont elle n’avait pas eu de nouvelles depuis maintenant plusieurs mois. Quand était-elle revenue ? Pourquoi n’avait-elle pas appeler, les parents ou elle ? Qu’avait-elle fait pendant tout ce temps ? des questions en suspend qui seront résolus seulement si Kaela allait la voir. Mais ne sachant pas comment l’aborder, la jeune femme finit par attendre, elle remarquerait bien sa présence non ? Finalement, Miliani finit par tourner sa tête dans le petit coin de Kaela. Elle s’approcha et leva son verre en son honneur : « Tiens, voilà miss Parfaite ! » Miss parfaite…Elle avait l’habitude de l’appeler ainsi, c’est vrai. Mais ses paroles semblaient la blesser à chaque fois. Alors, comme ça, elle n’avait pas changer, pas évoluer et pas grandit. Elle était toujours rester cette adolescente qui en veux toujours à la Terre entière. Dommage… parce que Kaela avait eu besoin de sa sœur, comparée à Miliani, qui selon Kaela, pouvait avoir la force de traverser toutes les épreuves, même si elle ne s’en rendait pas compte. Oui, elle avait eu besoin de sa petite sœur avec les mésaventures avec Aydan, son divorce et sa petite dépression. Juste du soutien, mais elle n’en avait jamais eu. Au contraire, c’était méchanceté sur méchanceté. « Miliani…quand est ce que tu es revenue ? » Finit par ajouter Kaela. Elle n’avait même pas pris la peine de répondre à ce petit pique tout droit sortie de leur enfance, parce qu’il n’avait pas grand intérêt.« Tu as reçu ma lettre ? » Lettre que Kaela lui avait envoyé il y’a quelques mois maintenant, mais dont elle n’avait jamais eu de réponses. Elle avait tout avouée, et avait espérer que Miliani revienne après ça, en vain. De toute manière, cette dernière n’en faisait qu’à ça tête, comme toujours.

La réalité, c’était qu’ils me manquaient. Ce tempérament de dure, de fille qui n’en a rien à faire de rien n’était bien sûr qu’une façade. J’aurais aimé avoir une famille qui serait autour de moi, avec qui je m’entendrais bien. Avoir une immense complicité avec Kaela, ma sœur, et faire des sorties shopping avec ma mère, une fois de temps en temps. Peut-être même participer à des repas de famille, tous les dimanches. Mais ce n’était pas le cas, et ça ne le serait jamais. Mes parents n’étaient et ne seraient jamais fiers de moi. Ma grande sœur serait toujours la miss Parfaite qui va jusqu’à m’envoyer des lettres factices pour faire, probablement, plaisir à nos parents, et je serais toujours le petite rebelle de la famille qu’ils cherchent tous à éliminer de leurs vies. Ca avait failli fonctionner, avec mon départ pour l’Amérique, Los Angeles, Las Vegas, à la recherche d’un début de carrière dans la chanson. Mais tout ce que j’avais réussi à faire, c’est me ruiner, perdre tout ce que j’avais, tomber amoureuse et blesser, une fois de plus, les personnes que j’aimais.

Et voilà où j’en étais. Assise dans ce bar miteux à me saouler la gueule dans l’espoir de ne jamais rencontrer ma famille. J’imaginais déjà ce qui pourrait se passer. Dans tous les cas, ce ne serait pas joyeux. Entre la déception ou la joie de me voir échouer, j’avais du mal de choisir. Dire que je leur avais dit, pour me la jouer, que j’avais probablement déjà un contrat au USA, peu avant de partir sans même le signaler clairement. Et au final, je n’étais rien du tout. Juste une fille paumée sur une île qui l’a vue naître où la majorité de ses proches l’a oubliée. Bordel, comme Darren pouvait me manquer. Lui, la seule et unique personne qui avait, un jour, cru en moi. Et que j’avais déçu sans même prendre de précaution, juste parce que j’étais amoureuse et que j’avais peur. Juste parce que je l’avais pris dans le but de percer et qu’il m’avait rendue folle de lui. Il n’a jamais mérité cela. Et pourtant, je l’avais fait, le quittant en lui disait que je l’avais trompé et que je ne l’avais jamais aimé. S’il savait…

Je relevais la tête et tombais nez à nez avec Kaela. Ma grande sœur… celle qui aurait dû m’épauler et me soutenir face à mes parents, mais qui n’avait fait que jouer à la profiteuse, à la fille qui était la préférée de son père et de sa mère. Pourquoi je la haïssais ? En fait, ce n’était pas réellement le cas. Quelque part, c’était par fierté. Elle avait réussi, pas moi. Elle était la préférée, pas moi. Elle était parfaite, pas moi. J’étais jalouse, pas méchante. Enfin, si, je l’étais, mais par pure jalousie. Et le pire là-dedans, c’est que je n’arrivais même pas à faire autrement. Ma remarque sarcastique claqua comme une gifle. J’avais vu son visage changer dans la seconde. Mon cœur se serra, mais comme toujours, rien n’y parut. Comme à chaque fois, j’allais m’enfoncer encore plus. J’allais encore plus la perdre. Tout comme j’avais perdu mes parents, et Darren. « Miliani…quand est ce que tu es revenue ? » ; « Iris. Plus personne ne m’appelle Miliani. Alors, s’il te plaît, fais comme les autres. » ; Ma voix était blanche, limite froide. Je m’en voulais un peu de lui parler comme ça mais pour moi, Kaela était une belle hypocrite, tout comme mes parents. Elle se fichait de ma gueule, se foutait de ma réussite, et rigolerait sûrement bien en apprenant mes déboires aux États-Unis. Elle ne méritait rien de plus que mon dédain. Mais malgré cela, je me sentais mal de lui parler de cette manière. « Tu as reçu ma lettre ? » ; Je serrais légèrement les dents à la pensée de cette lettre. Lorsque je l’avais vue, tout allait bien. J’étais avec Darren, je me produisais chaque soir dans un bar… le bon vieux temps. Avant que tout ne foire, avant que je ne perde tout. « Ton tissu de mensonges, ton hypocrisie couchée totalement sur papier ? Oui, je l’ai reçue Kaela. Je l’ai lue et je l’ai brûlée. Si tu crois que tu vas me faire croire des bobards pareils, tu te fous le doigt dans l’œil, et bien profond. » ; La colère montait, accentuée par la déception. Celle de ne pas être une fille modèle comme elle, de ne pas avoir suivi la voie toute tracée par mes parents. Celle d’avoir tout perdu, d’être ruinée, d’être la risée de ma famille. J’étais si déçue, au final… j’étais juste paumée. « Tu ne me feras jamais croire que vous vous préoccupiez de moi. Ni toi, ni les parents. » ; Je vidais mon verre d’un trait, sans une grimace. Le temps m’avait donné l’habitude de boire de l’alcool fort sans en ressentir la brûlure.

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FLASHBACK
Roulant un peu plus vite que prévue, Kaela tentait d’arriver chez elle au plus vite. Sa mère avait téléphoné plus tôt dans la journée en lui disant que c’était grave. Partant plus tôt que prévu, ne finissant pas ses heures de travail, elle s’était éclipser et arrivait enfin devant la maison familiale. Garant sa voiture dans l’allée, elle sortit à vite allure, attrapant son sac à la voler et claquant la porte de sa mini violement. Entrant la maison, elle cria : « Papa, Maman ? Je suis là ! ». Elle pénétra un peu plus dans la maison lorsqu’elle entendu un léger « Ici dans le salon ». Arrivant dans le salon, elle vu sa mère pleurer dans les bras de son père. Contournant le canapé, elle resta plantée devant eux. « Qu’est ce qui se passe ? » Entre deux sanglots, sa mère finit par dire : « C’est ta sœur… » « Quoi ma sœur ? Miliani a eu un soucis ? Un accident ? Elle a des problèmes ? » Son père, caressant les cheveux de sa femme ajouta, d’une voix tremblante : « Elle est partie… » Démarrant au quart de tour, Kaela continua : « Comment ça parti ? Ou ? quand ? » « Elle…est partie pour les Etat-Unis…apparemment pour devenir chanteuse ? » « Comment ça ? Depuis quand elle veux devenir chanteuse ? » « Nous n’en savons rien…Mais elle est partie… » Partie… ? Sa petite sœur ? Seule aux Etats-Unis ? Seulement âgés de 19 ans ? Du suicide. S’essayant, les jambes lourdes, elle regarda ses parents, enlacés et larmes aux yeux.
FIN DU FLASHBACK.

Ca avait été le quotidien de ses parents, d’être constamment aux aguets, au cas où ils recevraient des nouvelles de Miliani. La jeune femme voyait souvent sa mère les yeux bouffis et rouges, qui indiquait qu’elle avait longuement pleurer de l’absence de sa fille. Son père, moins expressif, tenter de ne rien ajouter, mais son silence en disait long. Miliani, en les laissant, avait apporté tristesse et inquiétude à la famille. Et c’était certainement quelques choses que Kaela allait longuement reprocher à sa petite sœur. Parce qu’elle n’avait pas seulement laisser ses parents, elle l’avait laissé aussi. Elle aurait voulu avoir sa petite sœur pour son premier mariage, pour son divorce…et elle avait espérer qu’elle soit là pour son second. Mais maintenant, en la voyant devant elle, elle n’était plus certaine qu’elle le voulait. Elle avait encore changé, beaucoup plus méchante et renfermée. Elle n’était pas digne d’une petite sœur, pas digne d’une Lani-Temoe. C’était certain. Pour en savoir plus, Kaela enchaina : « Miliani…quand est ce que tu es revenue ? » Elle répondit d’une voix froide : [color=crimson]« Iris. Plus personne ne m’apelle Miliani. Alors, s’il te plait, fais comme les autres. » Voilà, ses racines s’étaient effacés, et elle n’était vraiment plus digne d’être une Lani-Temoe. « Parfait…Iris » fit Kaela, aussi froidement que sa sœur. Elle bouillonait de l’intérieur. Comment pouvait-elle encore imposer sa volonté après tant de chagrin et de souffrance qu’elle avait apporter ? Non, ca n’allait certainement pas passé, et Kaela tentait de se contrôler pour ne pas exploser devant tout le monde. Enchainant pour changer de sujet, la jeune femme continua : « Tu as reçu ma lettre ? » Miliani…enfin maintenant Iris pris une inspiration et déclaré, d’un regard noir : « Ton tissu de mensonges, ton hypocrisie couchée totalement sur papier ? Oui, je l’ai reçu Kaela…Je l’ai lue et je l’ai brulée. Si tu crois que tu vas me faire croire des bobards pareils, tu te fous le doigt dans l’œil et bien profond. » Elle attendis quelques instants pour reprendre une inspiration et enchaina : « Tu ne me feras jamais croire que vous vous préoccupiez de moi. Ni toi, ni les parents » Assez ! C’était trop ! Se levant brusquement, faisant tombée sa chaise par la même occasion, elle pointa un doigt envers Iris, les yeux rouges de colères : « Y’en a marre…Miliani, Iris ou qu’importe ! Je t’ai soutenue, je t’ai aidée, mais tu n’a pas voulu prendre ma main ! Ces mots dans cette lettre, je les pensais. Plus maintenant. Tu es…insupportable, froide et méchante ! Tu n’a pas le droit de revenir après tant de souffrance que tu nous a infligé ! Tu n’est plus une Lani-Temeo…J’ai perdu ma petite sœur depuis bien longtemps maintenant ! Mais ce que je regrette le plus, tu vois…c’est les nombreuses larmes que Maman a versé pour toi. Parce qu’au final, elles n’ont servis à rien. » Prenant ses affaires, Kaela n’osa même pas regarder sa sœur qui était restée plantée là. La dépassant, elle commença à sortir du bar, prête à ne plus revoir sa sœur de sa vie, s’il le fallait.